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    Jeudi 1er :

    J'ai décidé d'arrêter!!

    Cela aurait pu être un mauvais poisson d'avril. Mais c'est bien la réalité. Oui vous lisez bien. Après ma licence, je me retire de l'enseignement, je quitte mon identité d'étudiant salarié pour réintégrer celle d'un salarié à temps plein, sans doute un fois de plus dans un boulot minable et insipide.

    Je ne suis pas blasé. Je ne suis pas déçu. Je n'en ai pas marre de la fac. Je veut toujours aller aussi loin que faire se peut. Le doctorat est toujours mon objectif. Mais la donne a changé. Les chose ne sont plus comme il y a trois ans. De nouvelles informations sont à prendre en compte. Je m'explique :

    • Partir sur un Master nécessite deux années pleines. Je ne peux pas entamer une première année de Master puis faire un break. Si pause il doit y avoir; c'est maintenant. Surtout que la première année de Master est de droit (il suffit de payer son inscription); mais la deuxième est sur décision d'un jury. Donc partir sur un Master dans quelques mois, conscient de mes lacunes; et toujours contraint de jongler entre ma vie de famille est mon job à l'hôtel, rend l'aventure hasardeuse. En résumé je n'ai pas les armes mentales d'une part pour faire un bon Master. Et compte tenu de mes obligations, je n'aurai pas, d'autre part, l'opportunité de les acquérir pendant les mois qui viennent tout en continuant à être étudiant; ceci est une première chose.

    • L'autre raison est financière. Un ¾ temps pour ma gueule; des indemnités chômage qui ne compensent plus et la paie de Léa n'ont jamais suffit. Et chaque mois c'est un peu plus dans la merde que nous nous retrouvons. Rester ainsi deux ans de plus serait intenable et sur le plan des études et sur le plan professionnel. Je n'aurais aucun intérêt à courir deux lièvres à la fois. Il faut urgemment que j'assainisse ma situation, enfin notre situation économique. Et là, j'ai une énorme boule d'angoisse qui me vrille l'estomac, car ne nous leurrons pas : une licence de socio n'est pas très porteuse dans le monde du travail. Et puis je n'ai pas l'âme d'un commercial (métier à la mode), et puis je vais sur 37 ans. Et puis je ne bénéficie pas d'un réseau de relation suffisamment dense et étoffé pour que l'on m'introduise dans un milieu ou je pourrais occuper un job qui me plairait un chouïa. Et puis, c'est la quadrature du cercle. Imaginons que je trouve un job qui me plaise (ça m'étonnerait, je suis trop épris de liberté); mais imaginons. Compte tenu de ma situation familiale qui va devenir encore plus une coercitive sous peu (Léa veut un deuxième enfant, et l'idée n'est pas pour me déplaire), si je suis dans un emploi dans lequel je me sens bien, aurais-je, le moment venu, la force et la volonté de le quitter pour entamer mon Master? Il y a peu de chances que mon patron tolère un contrat réduit. Et un contrat réduit, nous replongeras à moyen terme dans la mouise. Bref, tout se télescope en ce moment dans ma tête. En résumé, si je veux partir sur un Master en 2011, il me faut un job à la con que je pourrai quitter!!

    • Dernière raison, le Master en lui-même. Actuellement, les Masters que propose la faculté de Besançon ne me tente pas beaucoup. Criminologie?? Ou population et vieillissement!! Je n'arrive pas à m'y projeter! Certes j'aurais du m'y intéresser en cours d'année; j'aurais alors eu une vision plus claire, et aurais pu me décider. Mais voilà; il y a un mois environ, une des meilleure prof de ma promo, Mme Laklass qui nous enseigne la sociologie des professions et des normes professionnelles, nous à tenu un discours alléchant en fin de cours l'autre mardi. Il était question de la mise en place d'un nouveau Master intéressant à deux niveaux : d'une part l'intitulé du Master, je ne l'ai plus exactement en tête, mais il s'inscrivait dans la continuité d'une étude sur le don, il s'agissait de solidarité et d'un autre terme. Lorsqu'on réfléchi une minute sur l'importance dans le social de tout ce qui n'est pas strictement économique, on prend conscience de l'étendue du champ et de son intérêt. D'autre part, Mme Laklass a bien insisté sur le fait qu''ils cherchaient à mettre en place un Master ancré dans la réalité sociologique (ils le sont tous) mais en ce sens qu'il était susceptible d'intéresser des entreprises ou des organismes publics; le but étant après le Master, de permettre aux doctorants d'être payés pour leur recherche et non pas de faire des boulots à la con pour pouvoir étudier; et la ça a fait tilt pour moi. En principe ce Master sera en place en 2011. Mais aujourd'hui tant motivé par mes lacunes intellectuelles que par mon indigence économique, même si ce nouveau Master était mis en place dés octobre 2010, je resterai sur ma position de faire un break d'un an.

    Aujourd'hui, j'ai à cimenter ma vie sociale; et le défaut d'argent est pour beaucoup dans les crises au sein de mon couple. Et j'ai à cimenter mes connaissances et m'engageant sur une lecture approfondie de la matière sociologique, après ma licence et jusqu'à ce que je reprenne le Master en 2011.

    Il est vrai que cela comporte un risque, j'en ai bien conscience. Aurai-je la possibilité tout d'abord, et la volonté ensuite, de reprendre? Mais lorsque j'imagine avoir les moyens financiers de continuer ainsi pendant mon Master, j'ai l'impression que c'est juste reculer pour mieux tomber. Il n'y a pas plus de raisons que je travaille mes cours différemment que ce que j'ai toujours fait. Jusqu'à présent ça a marché. Mais je ne veux pas brader mon diplôme en étant contraint de boucher les brèches à mesure qu'elles apparaissent. Je ne suis pas neuneu et je sais solliciter toutes mes forces quand l'urgence me botte le derrière. Mon Master, je pourrai l'avoir, mais je ne me sentirai pas sociologue pour autant.

    Par contre, cette année qui se profile, sans cours à la fac et en travaillant comme un con à temps plein, je l'envisage comme une sorte de retraite spirituelle. J'y ai déjà pensé tant de fois le soir avant de m'endormir. Excité comme une puce à l'idée de me retrouver à nouveau sur un sol instable sans aucune garantie.

    Et comment j'envisage cette retraite? Avec mes trois premières années de cours, j'ai une bonne structure mentale de l'approche sociologique. J'ai de plus une liste biographique vaste et ciblée puisqu'elle nous a été donnée continûment en début de chaque cours, chaque semestre. Quelle est la réalité aujourd'hui? J'ai lu entièrement 4 livres si ma mémoire est bonne. J'ai pioché des infos dans quantités d'autres, mais ce n'est rien par rapport à ce que l'idéal-type du bon étudiant aurait pu lire. Juillet 2010 jusqu'à Septembre 2011, ça fait 14 mois. Si j'arrive à consacrer la plupart de mon temps libre à la lecture sociologique, on peut projeter d'arriver à au moins un livre tous les 15 jours (soit 30 livres au minimum). Cette lecture acharnée est à même de créer sa propre synergie. A mesure que la clarté se fera autour des auteurs, mon envie de connaître la littérature sociologique sera sans cesse plus forte et plus vivace en moi. Revenons a la réalité. L'année dernière nous n'avons pas eu cours au deuxième semestre à cause des grèves. C'est donc plusieurs matières et plusieurs listes biographiques qui me font défaut. De plus nos cours sur la pratique d'enquête nous ont été dispensé par divers prof dont certains étaient plus que mauvais; nos trois années tournant essentiellement autour de l'approche biographique. Je sens en moi moult lacunes qu'il me faut combler.

    Plus précisément, j'ai déjà imaginé envoyé un mail expliquant ma démarche à trois profs que j'estime pour avoir leur avis et leurs conseils. J'ai aussi imaginé demandé par mail, les listes biographiques manquantes de mes cours du second semestre de ma deuxième année sapée par les grèves, ainsi que de leur soumettre à chacun un petit questionnaire afin de mieux cibler mon travail personnel et mes pratiques de lecture.

    Ce projet me comble d'extase.

    Le but ultime étant d'arriver en Master avec une idée précise de recherche et un mental d'acier basé en partie sur une connaissance approfondie de la littérature sociologique.

    Mais pour l'heure, je suis depuis quelques jours en vacances universitaires. Je n'ai pas commencé mes révisions. J'ai passé avec brio un dernier TD jeudi 1er (sur Marx) ou là encore mon collègue n'avait strictement rien fait. Les choses vont s'accélérer sous peu. J'ai une dissertation à rendre dans 10 jours. Un partiel à la fin du mois. Et les autres partiels courant Mai. Tout va aller très vite. Il faut de plus que je me mette à présent à chercher soit un taf complémentaire (pour garder celui à l'hôtel qui a quand même, vu mon esprit, quelques avantages), soit un taf à temps plein, pas totalement crétin ou exténuant (ou les deux) et à l'inverse, pas complétement prenant pour ne pas m'y enfermer. J'ai le sentiment que d'axer mes recherches sur la rhétorique de mon projet de Master serait peut-être plus original, plus honnête et donc plus porteur que de simplement pondre un CV et une lettre de motivation conforme. Je demeure confiant.

    Mon chemin prend une autre tournure. Mais mon objectif reste le même. Obtenir mon Doctorat. Cela passe par un Master brillant. Et un retraite intellectuelle intense.

    Faites que je tienne le coup!

    Je vous aime. Croyez-en moi.


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