• Mardi 14 : <o:p></o:p>

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    Passage à vide.<o:p></o:p>

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    J’éprouve cette semaine un fort sentiment d’échec et de frustration. Comme si la tâche était si assurément inatteignable qu’elle couperait toute volonté au plus profond de mon être. Des tonnes de livres à lire, de revues à consulter, de fiches de lecture à rédiger. De plus, j’ai horreur de me pointer quelque part sans avoir préparer ce que je devais faire. J’ai passé une bonne partie de dimanche sur un texte qui ne sera pas vu aujourd’hui au TD de sociologie du travail. Sur les deux textes dont la référence me fût donnée hier, je n’ai lu que la moitié d’un ce matin depuis 5h30. J’ai peur que la prof n’accepte pas que je lui explique ma situation et qu’elle me renvoie du cours ou m’interroge malgré tout. C’est complètement surréaliste et improbable, mais j’ai peur malgré tout. Je lis trop lentement à mon goût et n’ai pas encore commencé la méthode de lecture rapide. Il me semble que tout cela provient d’un choix inconscient de mauvaises représentations : la tâche n’est raisonnablement pas si insurmontable que cela, mais je n’arrive pas à positiver. J’ai l’impression de ne rien retirer de mes rares débuts de lecture. J’ai le sentiment de n’avoir rien fait depuis le début de cette année universitaire, et j’ai toujours autant de mal à être efficace lorsque je suis à mon bureau. Je sens que je vais zapper le TD de cet après-midi. J’ai déjà occulté celui, rébarbatif, de ce matin. Décidément cette semaine, ce n’est pas la grande forme mentale !<o:p></o:p>

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    Ce soir je vois un nouveau psy proche du village dans lequel j’ai emménagé. J’aimerais bien qu’il me foute sous Prozac, il parait que ça joue sur la sécrétion de sérotonine, l’hormone de la confiance ; c’est tout ce qui me manque. Je n’arrête pas d’entendre mes parents dans ma tête qui me disent d’arrêter de vouloir changer et de plutôt rester dans ma position de prolo insatisfait.<o:p></o:p>

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    Il est treize heures, je viens de rentrer ! Crise de panique. <o:p></o:p>

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    Ce qui est écrit un peu plus haut date de ce matin avant mon départ. Je m’étais levé à 4h30, étonné d’ailleurs d’arriver à me lever. En même temps je me suis endormi hier soir devant la télé avant 22 heures, ce qui dans mon cas est rarissime. Donc ce matin, après avoir un peu glandé au lit et ensuite devant mon café, je me suis mis sur la lecture des deux textes pour le TD de tout à l’heure. Mais le cœur n’y était pas. Tantôt je lisais cinq minutes, résolu à assister à l’épreuve. Tantôt je musardais. Puis j’ai perdu du temps à aller réveiller Léa. Les minutes défilaient, je ne savais toujours pas quelle serait ma ligne de conduite. Puis j’ai annoncé à Léa qu’on ne partait pas ensemble et que j’avais décidé de ne pas me rendre au TD de 8h afin de préparer celui de 14h. Une fois qu’elle est partie, j’ai lu quelques lignes pour la forme, puis j’ai regardé deux épisodes des Simpson. Je suis parti à 9h30 pour le cours « culture, langue et société » de 10h. Sur place j’ai retrouvé Marc. Il m’a appris qu’il n’avait écris que quelques lignes lors du TD juste avant. Une fille de notre section assez jolie mais avec un gros cul confirma le peu d’épaisseur et d’intensité du cours. Je me dis que j’avais bien fait de ne pas y aller.<o:p></o:p>

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    A 11 h nous discutâmes les trois un moment dehors. J’avouai à Marc que je n’irais pas au TD de 14h. Un peu pour me justifier je lui dis que j’étais en pleine période de régression adolescente. En même temps qu’on parlait du TD, la prof concernée passa derrière nous avec un café à la main, je ne réussis pas à l’accoster et me contentai d’un « bonjour » bien mièvre et puéril. En moi-même je me trouvais infiniment stupide. Puis chacun partis de son côté. Marc m’avait proposé de déjeuner chez lui, j’avais gentiment refusé prétextant d’autres choses, mais en réalité j’étais si mal et tourmenté pour l’heure que j’étais bien incapable de profiter du présent. Je filai à la bibliothèque afin qu’une personne de l’accueil m’explique comment accéder au portail de l’Encyclopédie Universalis depuis le site de la fac ; je savais la chose possible mais n’y étais pas arrivé tout seul. Je tombai sur une jeune femme ronde très à l’écoute.<o:p></o:p>

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    Ensuite je tournai en rond pendant presqu’une demi heure dehors. Quoi faire ? Profiter des deux bonnes heures qui me restaient pour terminer mes deux lectures ? Aller toquer à la porte de la prof pour lui demander si je pouvais participer au TD sans avoir eu le temps de préparer mes fiches ? Fuir ? J’avais des images de suicide qui me passaient par la tête. Je sentais en moi un impétueux courant de panique qui remontait le long de mon échine. Malgré toute ma volonté, je ne pouvais me résoudre à me rendre au TD. Ma peur irraisonnée avait le dessus. Je n’avais aucun moyen de la combattre. <o:p></o:p>

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    En ce jour où je voyais de nouveau un psy, j’avais déjà peut-être inconsciemment laissé tomber toutes mes défenses et mes contenances. Mon mal-être viscéralement ancré en moi refaisait progressivement surface. J’aurais donné n’importe quoi pour m’en sortir.<o:p></o:p>

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    Il est bientôt 13h30. Je me sens vraiment faible et lâche de n’avoir pu me rendre au TD. Cela fait trois fois depuis mon réveil que des larmes rougissent mes yeux. J’ai peur d’être à nouveau déçu et frustré par une thérapie sans but ni effet. J’entends tous les messages négatifs que n’a eu de cesse de me seriner ma mère. Sont-ce des souvenirs réels ou construits ? Car à entendre mes sœurs, lorsque j’étais petit ma mère me portait aux nues. Suis-je à la recherche d’un bouc-émissaire ? Suis-je incapable de voir que l’acteur de mes échecs et de mes erreurs n’a toujours été qui moi seul ? J’ai envie de crever. Je ne me connais pas. Ce matin, pendant le cours très intéressant, je suis passé à côté de « palimpseste ». Je l’avais au bout de la langue. J’ai maudit mon manque d’assiduité en tout, et notamment au mot de vocabulaire que je recherche, dans l’idéal, tous les jours. Je me suis rattrapé sur « incunable ». Mais j’avais quand même la rage en moi de ne pas tout connaître.<o:p></o:p>

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    « Si tu ne sais pas tout, alors ne sait rien, c’est préférable ! » Voila la phrase qui me sied le mieux et qui me défini assez bien. J’ai tout raté, tout commencé, tout arrêté  (ça y’est, je chiale pour la quatrième fois, et cette fois c’est les grandes eaux). Lorsque j’ai intégré l’idée (vraie ou fausse) que je ne serais jamais le meilleur dans tel domaine, alors je le délaisse lâchement. A 12 ans je voulais être le premier astronaute. J’étais tombé plus tard sur une interview de Patrick Baudry dans le magazine Phosphore. Il racontait qu’à l’école il avait toujours été premier partout. Ça m’avait scié. J’étais un élève moyen. Des années plus tard, je me rappelle qu’au retour du bus scolaire je m’étais promis d’être un jour le Stephen King français. Je devais être en terminale, j’avais 19 ans. J’ai difficilement accouché d’un roman consécutif à une frustration amoureuse bien plus tard. Je me suis fait rembarrer par les maisons d’édition sérieuses et je n’ai pas retenté ma chance depuis. <o:p></o:p>

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    Contrairement à ce que mes proches croient, je n’ai pas une très grande culture littéraire. Je peux même affirmer objectivement qu’elle est infinitésimale. Ma famille ne lit pas, la famille de Léa non plus. Alors forcément, lorsqu’ils jettent un œil à ma bibliothèque qui comporte soit des titres classiques comme « le Comte de Monte-Cristo (que je n’ai pas lu) ou « La chartreuse de Parme » (lu sous la contrainte à l’école) soit des titres abscons comme « ABC de l’EMDR » ou encore « la programmation neuro-linguistique » soit des titres savants comme « le théorème de Gödel » (pas lu) ou « évolution des idées en physique » (que j’ai lu), ils ont le sentiment d’être en présence d’une personne à l’intelligence certaine, mais pas forcément mieux que la leur. En effet, pas mieux que la leur puisque dans leurs critères, mon « intelligence » est plutôt handicapante vu qu’elle me baigne dans un état semi dépressif (les parents de Léa surent un temps que je consultais un psy) et qu’elle ne m’a pas permis d’accéder à un métier à la fois plaisant pour moi et hautement rétribué. Je dois être une sorte de paradoxe incompréhensible. « Oui, ce garçon est assurément intelligent, voir très intelligent, mais il végète dans des emplois sans nom, il est souvent triste et l’on sent qu’il n’est pas si bien que ça avec nous ». <o:p></o:p>

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    Je suis surtout jaloux de votre simplicité qui me renvoie à mon éternel questionnement : <o:p></o:p>

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    Suis-je un être brillant ? En ce cas je ne bénéficie d’aucune manifestation créative et n’en éprouve que les effets négatifs (mal-être perpétuel, manque de confiance, difficulté à avoir des relations sociales pures, c'est-à-dire souvent travestir mes émotions pour ne pas être rejeté). <o:p></o:p>

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    Ou bien alors suis-je simplement un sinistre con qui par frustration de ne pas être un winner dans la vie à choisi de porter la carapace de l’être torturé pour mieux se cacher à lui-même son inénarrable banalité ?<o:p></o:p>

    Je ne sais plus quoi dire. Il va être 15h. J’ai faim. J’aimerais faire un tour en vélo avant d’aller chez mon psy pour la première fois.<o:p></o:p>

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    Mercredi 29 : <o:p></o:p>

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    Guère mieux, la confiance est un combat permanent.<o:p></o:p>

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    Le mois se termine vendredi, jusqu’à ce jour je n’avais rien encore posté sur le blog. Peu de choses ont changés. Toujours la même crasse intellectuelle qui me cisaille. Il n’y eut que des prémices en tout. C’est un début, mais nous voilà déjà presqu’en novembre.<o:p></o:p>

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    Je suis peut-être un peu dur avec moi-même. J’ai le sentiment d’avoir beaucoup perdu de temps certes, mais il ne faut pas omettre de considérer qu’objectivement j’ai assisté à la plupart des cours. Et lu une partie non nulle des textes des travaux dirigés. J’ai lu la conclusion de l’ « Essai sur le don » de Marcel Mauss. Assurément et par rapport à l’année dernière, ou bloqué par mon job d’ambulancier jusqu’à fin octobre, je n’avais pas encore mis les pieds à la fac, je suis toujours cette année nettement plus dans le bain de la discipline. Mais tout reste à faire néanmoins. Il y a cette course permanente entre la connaissance de la matière et sa critique. Et le processus intellectuel de l’Institution veut que nous critiquions la matière en même temps que nous la digérions. C’est déstabilisant ! C’est leur méthode ! Est-ce un moyen de sélectionner les plus aptes ?<o:p></o:p>

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    Et moi avec mes deux noces par semaine, mes trois noces même depuis la mi-octobre (car le dernier veilleur n’a plus donné signe de vie), ça me scie la semaine en deux et me coupe de tout travail intellectuel. L’exemple de la noce me paraît infiniment plus causant que de parler de mes nuits. Quand on fait la noce le samedi soir, on met souvent plus d’un jour pour s’en remettre ; il suffit de voir la gueule qu’on tire le lundi matin au bureau. Même si je ne bois pas d’alcool, le résultat est le même ; je suis actif toute la nuit jusqu’à 9h du matin. Ajouté à cela le stress de tomber sur des impairs plus ou moins fâcheux qu’on ne peut que gérer seul (panne de courant, arrivée de clients parfois avinés et irritables ou parfois très louches, plus d’une fois j’ai cru que de leur poche allait jaillir une arme quelconque, panne informatique, comme l’autre jour en ouvrant le restaurant à 6h30, etc.) Trois nuits de suite ; ce n’est pas humain.<o:p></o:p>

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    A ce jour mon job m’emmerde affreusement. Mais voilà, ma condition de prolo ne me permet guère de faire autrement. La perspective d’un travail à temps partiel peu usant et bien rétribué est statistiquement proche de zéro, je n’ai pas fini d’en baver.<o:p></o:p>

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    Hier, au sortir de la préfecture et après un café pris au PMU proche de la fac je me suis arrêté chez ma prof d’anglais du collège avec qui j’étais resté en bons thermes et que j’ai revu de temps en temps depuis quelques années, Madame Dominique Boutin. On n’est sensé se tutoyer ; ça ne lui pose pas de problème mais moi j’ai du mal, j’oscille constamment entre le « tu » et le « vous ». Ma déférence est si grande ! Je lui ai raconté ma vie, j’en ai déduit que ça faisait bien un an qu’on ne s’était pas vu. Je lui ai dévoilé mon projet d’études, elle a été ravie pour moi. Puis on a convenu d’un cours hebdomadaire chez elle afin de relancer la mécanique linguistique. Elle a refusé de me faire payer : « je n’ai pas envie de faire payer les gens que j’aime bien, les autres y paient ! ». Je l’ai invitée à souper la semaine prochaine. Elle accepta avec beaucoup de joie. C’est une femme profondément juste et simple, qualité si rare sur terre. Je me rappelle que j’étais tombé dans son cours par erreur. Mes parents avaient choisis l’option « anglais renforcé » croyant que c’était pour les élèves en difficulté. C’était tout l’inverse, c’était réservé aux meilleurs. Le premier cours elle m’avait envoyé au tableau, comme elle faisait à chaque cours avec un élève différent, pour écrire la date en anglais. J’étais ignare ; elle m’avait donné 20 fois à copier la liste des jours de la semaine. Depuis je les savais sans faillir. Ce que j’avais pris pour de la dureté et de l’autorité au début m’était progressivement apparu dans sa réalité : elle aimait transmettre le savoir, ne jugeait pas à tort et avait conscience du travail à fournir. Sur des règles simples d’investissement personnel qu’elle savait solliciter et de respect de l’autre, il s’en dégageait pendant ses cours une synergie incroyable qui me fît très vite préférer son cours à bien des autres. Madame Boutin, je vous adore.<o:p></o:p>

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    Enfin et parmi les autres réjouissances de ma vie : j’ai enfin une connexion internet à l’appartement. Tellement heureux de la nouvelle, j’ai passé deux heures hier sur mes sites fétiches. <o:p></o:p>

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    D’autre part, dimanche qui arrive sera la consécration d’un régime de 15 jours que m’a passé Rodolphe, l’ami de ma sœur Annette. Régime drastique et mentalement perturbant puisqu’il réduit considérablement les joies de la tables. A tel point qu’une nuit au boulot je me suis assoupi une minute, et j’ai fais un sursaut brutal après avoir cauchemardé que je dévorais une somptueuse salade composée. J’ai même croqué ce soir là le morceau de chocolat emballé qu’on sert avec le café au client. Mais j’avais laissé l’emballage, c’était juste pour éprouver la sensation si particulière du chocolat qui se casse par fragments onctueux sous la dent, j’en aurai pleuré. La sensation de faim se rappelle souvent à moi, mais j’arrive à me dominer. J’ai un peu peur que l’après régime soit encore plus ingérable. Mais j’en pouvais vraiment plus de fleureter avec le quintal. Et comme Rodolphe m’avait dit que son ami avait perdu 9 kilos pendant les 15 jours, et que ce régime entrainait une sorte de réaction chimique qui se poursuivait au-delà (son ami avait encore perdu 2 kilos depuis), j’ai cédé. Ce matin je pesais 91 kilos, soit une perte de 4.5 kilos pour le moment.<o:p></o:p>

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    Autre chose encore. J’ai passé mon premier test de lecture rapide jeudi dernier. Je voulais me prouver je ne sais quoi, alors j’ai lu trop vite en zappant les trois-quarts du contenu du texte, mon bilan est nul. La perspective d’augmenter significativement ma rapidité et ma compréhension est donc tout à fait possible. Je commence les exercices demain.<o:p></o:p>

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    Léa est retournée se coucher. Je la lève dans une petite heure pour aller en courses. Et il me reste un mois et demi pour maitriser la matière sociologique. Comme l’an dernier, j’ai conscience que c’est peu et beaucoup à la fois.<o:p></o:p>

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    J’ai décidé de vous donner un second aperçu de ma sensibilité artistique. Je n’ai pas encore fais mon choix. Je pense à un noir et blanc de mon village d’enfance. Les noirs et les blancs sont un peu fades, la faute à mon numérique compact qui date un peu à présent. J’espère que vous apprécierez.<o:p></o:p>

     

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    Mercredi 29 :  <o:p></o:p>

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    Ce cliché à déjà trois ans. Il provient d’une petite série que j’avais voulu réaliser sur mon village d’enfance afin d’exploiter les capacités de mon petit numérique Canon.

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