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Par jeromezed le 25 Juin 2011 à 05:26
Samedi 25 :
Deuxième mariage.
Le week-end dernier nous étions de mariage, ce week-end aussi. Les deux du côté de Léa. Un cousin il y a une semaine, une cousine aujourd’hui. Ça ne me fait ni chaud ni froid. Je ne hais pas les cérémonies, c’est humain ; je ne m’y éclate pas non plus. Mais ces deux évènements je les prends comme un signe (ça aide parfois à se décider) en faveur d’une nouvelle optique de travail que je vais mettre en place prochainement. Car aujourd’hui j’en ai vraiment ras-le-bol de perdre mon temps dans cet hôtel à la con à gagner des miettes. J’ai un projet professionnel en tête qui me permettrait de me sentir mieux et plus libre et qui, de plus, me laisserait toujours l’opportunité de continuer mes études. Oui ! Car il est hors de question que j’abandonne mon projet initial qui doit se solder par un doctorat de sociologie avec mention suivi d’une émigration au Canada pour une prestigieuse université avec en sus une brillante carrière de photographe ; après tout on n’a qu’une vie, merde !
Donc le week-end dernier j’ai pris, un peu sans m’en rendre compte, mon rôle de photographe très à cœur. Entendez-bien qu’on ne m’avait nullement demandé de tenir ce rôle. Mais comme les mariés étaient beaux et que l’ambiance était sereine, j’ai shooté à tout va.
Le lundi suivant j’ai retouché mes photos (toujours très soft chez moi, contraste et recadrage surtout) et envoyé le lien Picasa de la centaine de clichés à la poignée d’invitées qui m’avaient donné une adresse mail.
Cette semaine Abdel, le veilleur de ce début d’année, est encore passé me voir. Depuis le temps, c’est presque devenu un ami. J’apprécie sa maturité malgré ses 22 ans, son sens de l’esthétisme, son intelligence, sa folie. C’est vraiment un jeune que je trouve attachant et intéressant. Comme on échangeait sur ce que nous avions fais ces jours-ci, et que nous baignions alors dans une même envie d’échapper au poids du monde, l’idée a naturellement germé de nos esprits de tenter l’aventure de l’auto-entreprenariat. Son rêve à lui, offrir ses services de pâtissier pour les pièces-montées et autres desserts pour mariage et occasions diverses. Le mien, trouver au pire un complément de salaire, ou devenir au mieux autonome en étant photographe de mariage. Surtout que lorsqu’on s’est amusé à regarder des offres sur Leboncoin comme traiteur et comme photographe, on a réalisé chacun qu’on n’était pas les derniers dans notre domaine. Facturé en moyenne 500€ par week-end, l’activité de photographe de mariage a de quoi me donner très envie de prendre la tangente de l’exploitation hôtelière.
Il peut-être intéressant, à ce stade du récit, de se pencher sur les raisons qui font qu’à ce moment précis j’ai cette envie et que je soies en train de franchir le cap de la décision. La photo, ça fait presque trente ans que j’en fais (la vache, le coup de vieux de la mort) et devoir mon indépendance pécuniaire à un gros con de patron m’a toujours semblé contre-nature et même de plus en plus avilissant et écœurant au fur et à mesure de mes différents jobs et de cette palanquée de supérieurs toujours plus crétins, arrogants et méprisants.
Je manque cruellement, affreusement, indiciblement, sauvagement et vitalement de confiance en moi. En retrouver, en sortir de ma carcasse par d’infinis efforts depuis si longtemps est la pierre angulaire de toute ma reconstruction intellectuelle, psychique et physique. Si je suis en train de franchir le cap d’une décision aussi importante que celle que j’évoquais un peu plus haut c’est parce que cette question de croire en soi résume tout et que en l’espèce un échelon a été franchi avec ma psy la dernière fois (le 21 juin).
En ce moment j’avance pas mal avec elle. Je me lâche bien, je pose peu à peu les pierres invisibles que mon âme transporte depuis si longtemps. N’oublions pas qu’en séance psy c’est le patient qui apporte le matériel ; on peut faire des années de thérapie sans grands changements car on n’est pas disposé à changer. C’est ce que je connu avec un psy quand j’habitais à Besançon. J’en ressortais souvent comme j’y étais entré en me disant surtout que je lui payais sa piscine ou sa nouvelle bagnole. Je l’imaginais en séance griffonné des conneries sur ses papiers. Bref je pédalais dans la semoule. Avec ma psy, je suis dans un autre état. A quoi cela est dû, je n’en sais strictement rien ! C’est multi-causal sans doute : j’ai plus envie de m’en sortir qu’avant ; j’ai une vision plus claire de ce que je veux et ne veux pas, mes études mon redonné un début de perception positive de ma personne, ma psy a un savoir-être et un savoir-faire autre que mon psy d’avant.
Lors de cette séance du 21 juin dernier, j’ai mis le doigt plus intensément que d’habitude sur ce douloureux problème de confiance en soi. Tout est parti d’un paradoxe psychique que je voulais aborder avec elle concernant le fait que j’étais constamment balancé entre deux perceptions totalement opposés de moi-même, deux perceptions assurément fausses puisqu’elles étaient toutes deux d’un extrémisme brutal. Je me voyais tantôt pour un des grands génies de ce siècle, tantôt pour une des plus immenses crétins que la Terre ait porté, tellement imbécile que je me prenais pour quelqu’un d’intelligent alors que tout démontrait le contraire à commencé par mon misérable statut social. Dans l’échange que j’avais avec ma psy j’ai réalisé alors que si j’avais repris des études (dans un but initial « d’épanouissement personnel » ; c’est ainsi que j’argumentais au tout début de mon cursus) c’était non seulement pour me prouver que je pouvais réussir et ainsi regagner de la confiance en moi mais aussi pour initier cette longue démarche de la conquête de l’estime de soi, celle mâtinée de l’orgueil nécessaire à l’avancée de tous projets. J’ai ainsi réalisé que je ne pourrais pas abandonner mes études, car elles me donnaient la reconnaissance sociale de mon intelligence. Etait incluse dans le social ma famille, mes deux parents surtout. Je ne me souviens pas d’un seul message positif de mon père ou de ma mère lorsque j’étais enfant, puis adolescent. J’ai peut-être occulté inconsciemment beaucoup de choses de mon passé. Je ne suis pas non plus en train de dire qu’ils ne m’ont jamais aimé, ni qu’ils n’ont jamais été gentils affectueux, ou qu’ils ne m’ont jamais encouragé dans quoi que ce soit. Soyons précis et restons dans une démarche scientifique. Je parle de l’intérieur de mon crâne, de ma psyché, de mon esprit, de mes interprétations personnelles (au sens ou elles me définissent) et de mes souvenirs (qui ne sont jamais que des reconstructions imparfaites d’évènements passés). Dans ma caboche, je ne vois que des remarques négatives de la part de mes parents à mon encontre. Je les accuse d’avoir sapé insidieusement et depuis longtemps les fondations de la confiance et l’estime de soi que tout individu est en droit d’avoir. Je règle encore la facture 37 ans plus tard. Je suis l’artisan de mon propre état et si depuis trois ans j’ai repris des études c’est avant tout pour conquérir cette estime de moi. Aujourd’hui cette conquête se poursuit. Et cette image un tout petit peu plus positive chaque jour (avec périodes de rechutes sinon ce serait trop facile) me transforme en me rendant plus proche de mes aspirations profondes.
Revenons à mon désir d’auto-entreprenariat. Le cocktail : reprise d’études, psy, rencontre avec Abdel, photos de mariage le week-end dernier, donne une envie plus affirmé de m’affranchir d’un emploi alimentaire qu’à présent j’abhorre ; qui sans ne m’avoir jamais convenu, trouvait sa place dans l’équation de ma vie.
Aujourd’hui il est de trop….trop épuisant….trop mal payé….trop inutile….trop avilissant. Il contredit même la conquête de mon estime personnelle. Il ne peut que passer aux oubliettes.
Abdel est aussi excité que moi, voir plus, à l’idée de se lancer. On a même déliré sur le nom d’un site regroupant nos deux activités, ça pourrait donner un bidule comme « photos-gâteaux». Abdel connaît l’auto-entreprenariat ; il a déjà assisté à une réunion d’information ; une de ces tantes est sous ce statut. Il m’a proposé de nous rendre à la chambre des métiers mardi prochain à 9h pour une réunion d’information. Non, non et non je ne m’emballe pas. Je garde le contrôle, j’ai les idées claires. Mais lorsqu’on voit ce genre de clichés soi-disant pro :
Ou encore ce gâteau improbable en guise d’annonce :
On se dit, avec Abdel, qu’il y a moyen de tirer notre épingle du jeu.
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